Au sud de Toulouse, entre les deux bras de la Garonne, se déploie un archipel d'îles : l'île du Ramier, un haut lieu de drague entre pédés depuis 50ans, un temple du foutre. Pour y accéder, il faut traverser une citée HLM, sillonner prêt d'un pont autoroutier, longer une route et traverser un parking. C'est un endroit humide, jonché de bosquets et de moulins en ruines, où des hommes vont et viennent, le regard vif, en se touchant le paquet. Malgré les moustiques et l'air marécageux, je m'y sens bien, j'ai l'impression d'échapper le temps d'un après midi au monde hétéronormé. Pourtant, sous la pression de la gentrification, cet espace va disparaître.
Déjà,
en 2016, un ex rugby-man et la municipalité se sont associés pour y
ouvrir La Centrale, un bar-restaurant vintage, construit dans une
ancienne usine hydro-électrique, proposant grillades et tapas, dans "un
cadre naturel privilégié". Une forteresse pour riches, encerclée de fils
barbelés, construit sur une zone inondable au sein d'un écosystème
protégé. On vire les pédés, on met à la place des espaces marchands.
La
place de nos désirs semblent de plus en plus ordonnée et délimitée,
selon les espaces restreins et payant du privé et les espaces contrôlés
du public. Il y a quelques semaines, je suis allé à Ferropolis, dans la
région de Berlin, où s'est tenu un festival queer, rassemblant des
trans, des pédés, des gouines du monde entier sur une presqu'île, au
bord d'un lac, pendant 3 jours. Pour l'occasion, une Backroom géante
était installée. Dans cet espace clôt, toutes les débauches devenaient
possibles. Un paradis fermé, pour lequel il fallait débourser jusqu'à
100euros. Je ne veux pas d'un monde comme ça.
Pour lire le manifeste du collectif Sodomytho31, intitulé "on n'arrête pas un peuple qui s'encule" : https://iaata.info/On-n-arrete-pas-un-peuple-qui-s-encule-1364.html
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