C'était un dimanche après-midi. Je zonais mécaniquement sur Grindr, comme souvent, pour passer le temps. C'est comme ça que j'ai rencontré
Evren, au coeur de l'automne, dans la lumière laiteuse des ciels de novembre.
Venu de Berlin, Evren faisait son premier tour dans le Midi
de la France. Ave lui, pendant nos promenades, j'avais l'impression de
redécouvrir les paysages de Marseille, que je traverse pourtant
quotidiennement.
Evren connaît bien la méditerranée. Il a grandi sur
les côtes turques, en face des îles grecques. C'est là-bas qu'il a appris le nom de
toutes les plantes du maquis, et leurs usages. Marseille faisait sur lui
l'effet d'une réminiscence.
Après avoir picolé dans les bars, on a convenu spontanément
d'aller visiter les Calanques le lendemain. On avait alors la vague idée d'y
tourner quelques scènes.
Livre de botanique, caméra et clémentines dans le sac, on se
dirigeait vers la calanque de Sugiton, réputée pour être une plage naturiste
pédée. Pourtant, nous étions les
seuls, au milieu des poussettes et des
familles bruyantes.
Alors, on a bifurqué sur des sentiers plus étroits, pour s'engouffrer
au calme dans les pins, et on s'est mis en quête de champignons, en particulier
les Lactarius deliciosus. Nous
triquions sévère dans nos pantalons. Il faisait froid et humide.

C'est un peu plus
loin qu'on s'est foutu à poil, au milieu des bruyères multiflores, pour
s'embrasser et se sucer à l'abris des regards, en face du Mont Puget.
On s'est branlés et
on a pissé dans la garrigue, ça sonnait
comme un rituel, comme un hommage au sel et au calcaire. On se sentait libres
et vivants.
Comme il commençait
à faire nuit, on est rentrés chez moi en bus pour finir de se branler, avant de
s'endormir ensemble, à rêver d'euphorbes humides et de cistes en hiver.
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